La gestion des villages et les conflits fonciers étaient au centre d’un atelier le vendredi 04 avril 2025. Initié par Danièle Adahi Bikpo, Présidente de la Fondation Adahi Bikpo Raymond, ledit atelier a eu pour cadre la grande salle de réunions du Conseil régional du Bélier. Une occasion pour l’Union des Chefs de terre Abidji de Sikensi, de partager leurs expériences en matière de gestion des villages et de conflits fonciers.
Parrainé par Raymond Konan Kouakou, le Président du conseil régional, ces assises ont rassemblé une trentaine de Chefs de terre. Cet atelier, qui a eu pour thème ‘‘ La fonction de chef de terre face aux défis du monde moderne’’, vise à exposer le rôle et la responsabilité des garants des traditions dans la gestion du foncier rural. C’est d’ailleurs ce que relève le parrain lors de son discours d’ouverture.
« De nos jours avec ce qui se passe, on a tendance à oublier le cheminement qu’on doit suivre pour pouvoir faire asseoir un chef. Le Chef de terre, c’est à lui qu’appartient cette portion de terre, sur laquelle le chef doit pouvoir s’asseoir, (c’est-à-dire s’adosser à lui), pour pouvoir exercer cette mission-là. Donc, on a tendance plutôt à oublier les chefs de terre », a fait remarquer en exorde, Raymond Konan Kouakou.
Estimant que ces Chefs de terre ont une bonne vision de la question. Toute chose, selon lui « nous permet de voir vraiment l’horizon avec assurance. Donc, ce que vous avez pris comme décision, c’est pour mettre sur pied, l’association des chefs de terre; ce n’est pas une mauvaise chose. Vous faites ça pour qu’il y ait vraiment une bonne assise des Chefs de terre. Je ne comprends pas pourquoi on vous interdirait de vous organiser. Donc, tout à l’heure, j’ai dit que c’est Dieu qui donne tout et c’est Dieu qui vous guidera à tout moment, à réussir cette position », a-t-il soutenu.
Présidente de la Fondation Adahi Bikpo Raymond a mis en lumière l’autorité des chefs de terre qui est bafouée par la société moderne. Toutefois, elle apprécie cet engagement des chefs à lever « aujourd’hui pour prendre les choses en main et pouvoir guider les jeunes que nous sommes, les femmes et les mères que nous sommes ». Elle a promis de toujours les accompagner dans la perspective de ses connaissances apprises à l’école et à l’expérience acquise au cours de ses années de recherches.

Une large vue des Chefs de terre participants à l’atelier
« Nous venons de loin. Notre soif de connaissance, notre soif de richesse intérieure nous a emmenés jusqu’à Toumodi. Nous allons travailler ensemble avec eux, nous allons apprendre beaucoup, nous allons repartir encore grandis sur nos terres (ndlr; Sikensi) ».
Pour Touré Aboulaye, chef de Nakara, le gros problème en Côte d’Ivoire, et la grande menace sur le pays, demeure la question du foncier. Laquelle trouvera solution, à l’en croire que si « nous respectons nos valeurs traditionnelles ».
Nanan Kodjo Mockey, Secrétaire général du Roi de Tiapoum a expliqué les fonctions du Chef de terre. De son avis, celui-ci est « le conservateur du droit coutumier ». « C’est lui le garant foncier. Il est l’intermédiaire entre nos hommes politiques et la communauté villageoise. Chez nous, comme je l’ai dit tantôt c’est le chef de lignage. C’est le sacrificateur. Il est celui qui désigne le chef du village ».
Au terme de cet atelier, l’Union des Chefs de terre a fait des recommandations, au nombre desquelles la création d’une certaine harmonie entre les Chefs de terre et les Chefs de village ; une gestion harmonieuse et collective des questions du foncier ; l’exigence de la mise en œuvre effective du décret portant composition des membres des comités de gestion villageoise en incluant le chef de terre dans ledit comité. Les participants comptent dans les tout prochains jours aller s’inspirer du mode de gestion des terres par les gardiens des us et coutumes du Ghana.
Bosco de Paré