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Assainissement- Le think tank FIER de Jean Bonin fait des propositions suite aux destructions de bidonvilles

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Depuis le 27 janvier dernier, le Gouverneur du District d’Abidjan, par ailleurs Directeur exécutif du RHDP, le parti au pouvoir, dans une initiative solitaire et sans aucune concertation avec les ministères et communes concernées, a entrepris de déguerpir des milliers de personnes dans plusieurs quartiers d’Abidjan. 
Saisi par des représentants des populations sinistrées du quartier Gesco de Yopougon, le Think Tank dénommé Fraternité Ivoirienne pour l’Entente et la Renaissance (FIER), constate avec désolation que depuis la fin du mois de janvier 2024, des opérations illégales d’expropriations de détenteurs de titres de propriétés foncières, de déguerpissements et de démolitions de masse d’habitations, de commerces, de groupes scolaires et de divers sites, sont entreprises par le District Autonome d’Abidjan.
Le maire de Yopougon, commune où ont démarré ces opérations, a, dans un communiqué, déclaré que sa municipalité n’avait pas été associée à ces actions de démolitions, dont notamment celles qui ont eu lieu au quartier Gesco, où un groupe scolaire, Cha Hélène, qui reçoit chaque année plusieurs centaines d’élèves affectés par l’Etat de Côte d’Ivoire a été en partiellement rasé.
Ces actions de démolitions qui ciblent indifféremment des commerces et habitations ainsi que des biens privés et sociocommunautaires (établissements scolaires, églises, mosquées, centres de santé, boutiques, ….) ont été effectuées, aux dires de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) de Côte d’Ivoire, sans la moindre concertation préalable avec les populations concernées qui, selon cette Commission étatique, auraient été complètement prises au dépourvu.
Ces actes irréguliers, illégaux et dépourvus de tout humanisme ont, d’après la CNDH, plongé dans une désolation et un désespoir sans précédents les populations concernées qui, de ce fait, « sont livrées à une errance dans les rues avec ce qu’elles ont pu sauver de leurs biens personnels. Des femmes, des enfants, des vieillards et des personnes en situation de handicap sont exposés à des menaces diverses aussi bien sécuritaires que sanitaires ».
Curieusement, alors même que le CNDH a, sur le terrain, constaté que « ces opérations sont menées au mépris des droits fondamentaux des personnes impactées, qui sont privées du droit à un logement, du droit à la sécurité de leur personne et de leurs biens, du droit à la santé, du droit à un bien-être et du droit à l’éducation… », le gouvernement ivoirien et le président de la république semblent garder un silence approbateur, qui ne fait qu’encourager le gouverneur du District d’Abidjan à redoubler d’efforts pour mener à bon terme cette opération querellée.
Le CNDH a également mis en exergue le fait que « ces actions accentuent la situation de précarité et de vulnérabilité de ces populations et sapent tous les efforts consentis ces dernières années par son Excellence Monsieur le Président de la République et les pouvoirs publics et a, en conséquence, préconisé l’arrêt immédiat de ces opérations de déguerpissements « pour préserver la dignité et les droits élémentaires des populations ».
FIER, dont des membres de la direction exécutive sont en contact permanent avec les victimes de ces déguerpissements, voudrait, pour sa part, s’inquiéter de l’éventuelle volonté des bailleurs de fonds, des partenaires au développement de la Côte d’Ivoire, ainsi que des Institutions spécialisées et organisations apparentées du système des nations unies (ONU) de continuer à pleinement coopérer avec un État dont un des démembrements majeurs se montre, contre vents et marées, si peu vertueux à l’égard de sa propre population et envers ses engagements nationaux et internationaux.
FIER, salut les gros efforts financiers consentis par tous ces organismes qui, chacun en ce qui le concerne, œuvrent, directement ou indirectement, à la lutte contre la pauvreté et à amoindrir son impact sur les populations les plus vulnérables en Côte d’Ivoire.
Pour autant, FIER s’interroge sur la préservation de leur crédibilité aux yeux des populations pour lesquelles ils disent œuvrer, s’ils ne recommandent pas fermement à l’Etat de Côte d’Ivoire de faire cesser ces voies de faits et autres formes de violations massives des droits de l’homme entrepris par le District d’Abidjan, sous le prétexte de préserver des vies humaines, en prévision d’inondations qui pourraient causer des décès et pour embellir la ville d’Abidjan.
FIER, comme le CNDH, souhaite la suspension des opérations de démolitions en cours et sollicite l’intervention active des partenaires au développement de la Côte d’Ivoire en vue de la prise par les Autorités ivoiriennes de mesures urgentes d’atténuation des impacts socioéconomiques en faveur des populations impactées.
Ces mesures passent notamment par le recasement et le relogement des personnes déguerpies et expropriées, la réinscription dans d’autres écoles des élèves dont les écoles ont été démolies par le District, et, en tant que de besoin, la mise en place de mesures concrètes d’accompagnement, en particulier l’indemnisation des détenteurs de titres fonciers illégalement expropriés.
FIER, de même, recommande au District d’Abidjan de faire réaliser par le BNETD ou tout autre bureau d’études compétents, des études techniques en vue de procéder à l’assainissement et à la construction de VRD dans les quartiers concernés, comme s’y était engagé le ministre en charge de la construction en janvier 2021, de sorte à permettre à leurs habitants de vivre sur place, dans un environnement sain et un cadre de vie agréable.
Ces mesures, nous en sommes persuadés, sont de nature à éviter les risques d’inondations et autres éboulements décriés et pris comme prétexte pour déguerpir et exproprier des milliers de familles.
Fait à Abidjan le 26 février 2024
Pour FIER, le président
Jean Bonin KOUADIO