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Libre expression- Jean Bonin corrige Laurent Gbagbo sur les coups d’Etat et met en garde contre le “ressentiment ou le populisme”

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Dans une analyse du discours de Laurent Gbagbo, ancien chef de l’Etat, et chef de file du PPA-CI, Jean Bonin Kouadio fustige l’appréciation portée sur les “coups d’Etat”. Il recommande le silence à celui qui a été battu par Affi N’guessan dans le contrôle du FPI. Ci-dessous l’intégralité de son analyse.
C’est gênant de la part d’un ancien Chef d’Etat. Gênant à un triple titre :
1 – En 1999 : Coup d’Etat militaire contre Bédié
Gbagbo a salué le coup d’Etat contre Bédié comme étant salutaire. Il ajouta même que ce type de coup d’Etat était susceptible de faire avancer la démocratie. Bédié, son allié d’aujourd’hui, appréciera.
Au fait, quel était le coup d’Etat civil qui a justifié le coup d’Etat militaire du général Guéi pour qu’il soit qualifié de salutaire par Gbagbo ?
2 – En 2005 : Coup d’Etat contre la constitution – refus d’organiser les élections
Après 5 ans d’exercice du pouvoir, il aurait dû y avoir une élection présidentielle ; c’est constitutionnel. Gbagbo a prétexté de ce qu’il y avait une rébellion au nord du pays pour ne pas organiser cette élection.
Doit-on qualifier cela de coup d’Etat constitutionnel quand on sait qu’en 2010, l’élection présidentielle a été organisée nonobstant la partition du territoire et son occupation par les mêmes rebelles en armes ?
3 – 2010 : coup d’Etat contre la constitution : refus de céder le pouvoir après l’arbitrage du certificateur.
Alors que la Commission Électorale Indépendante qu’il avait lui-même installé avait, avec le certificateur agréé par lui pour valider les résultats définitifs de l’élection, Choi, ainsi que notamment la CEDEAO, l’UA, l’ONU déclaré Ouattara vainqueur de la présidentielle, il a refusé de céder son fauteuil, jusqu’à ce qu’il en soit délogé manu militari, occasionnant des milliers de morts.
Était-ce un coup d’Etat civil qu’il aurait voulu perpétré et qui a justifié son éviction par la force militaire ?
Mon analyse
Lorsqu’on a occupé les plus hautes fonctions de l’Etat, il faut faire preuve de réserve et de retenue en ne justifiant pas l’injustifiable. Surtout, si l’on envisage de rempiler car il y aura toujours quelqu’un pour justifier, avec des arguments plus ou moins farfelus, un coup d’Etat, civil ou militaire.
L’homme d’Etat, le vrai, doit avoir des positions de principe, qui traversent les époques, et non à géométrie variable, juste pour se donner bonne conscience ou amuser la galerie.
La Côte d’Ivoire vient de loin. Nul n’a le droit de souhaiter ou de justifier, par opportunisme, ressentiment ou populisme, un coup d’Etat, quel qu’il soit. Travaillons à ressouder le tissu social passablement décousu en raison du rodéo politique, plus que trentenaire, qui se joue entre des octogénaires et des nonagénaires. Notre pays mérite mieux.
Il mérite que le débat public porte sur des questions programmatiques, des bilans croisés et non sur de récurrentes et iniques attaques en dessous de la ceinture.
Ainsi ai-je parlé.
Source: Page facebook Jean Bonin
                     NDLR: Le titre est de la rédaction