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Interview- Thessa KOUAME: ” Billon ne nous donnera pas du fil à retordre au PDCI, ce que je demande à Gbagbo pour Affi”

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Thérèse Kouamé épouse Lobé est la “fille” de Pascal Affi N’guessan, sa nièce pour être précis. Militante du PDCI-RDA, pro Jean Louis Billon qu’elle défend et dont elle défend le projet de société, ancienne sympathisante du FPI, a accepté de se confier à Laurore.net. Avec pondération, pédagogie, celle qui est connue sur les réseaux sociaux sous le nom de Thessa Kouamé, ne manque pas de porter un regard sur la classe politique ivoirienne, les enjeux du changement générationnel au sein des partis politiques, et prodigue des conseils aux jeunes qui voudraient faire la politique. En exclusivité, Thessa Kouamé dit ses “gbè” (vérités en argot ivoirien).

  1. Vous êtes militante du PDCI-RDA, défenseur de son oncle président du FPI, Pourquoi ?

Parce que je connais le FPI et son fonctionnement pour avoir été moi-même sympathisante (car je n’ai jamais pris la carte de militante) de 1999 à 2015 où j’ai décidé de rejoindre le PDCI RDA que j’ai jugé beaucoup plus sage et surtout calme. Et puis nous sommes nées PDCI RDA nous autres avec un père en la personne de Monsieur Kouamé Oi Kouamé Bernard qui très jeune, fut le premier maire PDCI RDA de la ville d’Arrah (Moronou) en 1985.

Si je défends mon oncle, c’est parce que j’ai assisté à tous ses efforts pour implanter le FPI dans notre région le Moronou et avec tous les préjugés que les agnis Morofouès avaient sur ce parti qu’ils jugeaient de l’ouest (Nous avons toujours considéré que l’ethnie bété est de sang trop chaud alors que les agnis sont de nature très calme, la peur était qu’ils nous envahissent un jour et nous imposent des conflits).  Affi N’Guessan devrait se battre déjà avec ces préjugés avant même de parler du programme de développement du FPI.

Il y avait aussi la famille, les grands oncles et tantes ainsi que ses frères ainés qui ne voulaient rien entendre de ce parti car pour eux Affi N’Guessan devrait rejoindre le PDCI RDA s’il voulait faire de la politique.

Le moronou était le fief du PDCI RDA en ce temps alors Affi passait pour un ovni. Avec son parti bété. Il n’a pas parlé à mon père pendant 9 ans pour sa passion.

En 2011 quand Affi se fait brûler ses maisons à Bongouanou et Bouadikro, ce sont aussi les maisons de mon père, de mon beau et du chef du village d’Arrah qui sont brulées (des dommages collatéraux).

Les parents molestés à Akakro et humiliés par les militants du parti au pouvoir actuel. Plusieurs dignitaires du Moronou ont également été humiliés. Il y a eu des morts et des blessés.

Alors si nous n’avons pas attendu de la compassion de la part de Gbagbo à son retour pour ce que les Morofouès également ont subi, je veux bien être la seule à dire à Monsieur Gbagbo que quand on ne veut plus de son chien, on n’a pas besoin de lui inventer la gale.

Maintenant qu’il a décidé de se séparer du FPI et qu’Affi N’guessan doit également continuer sa vie politique, il faudrait juste que les 2 hommes qui ont collaboré hier se respectent mutuellement. On ne dit jamais, jamais, en politique. Ils peuvent se retrouver devant et même fusionner.

  1. Vous êtes pro Jean Louis Billon, ne craignez-vous pas l’ostracisme Baoulé?

Je pense plutôt que ce sont des habitudes des trois plus vieux partis du pays. Certains militants du RHDP auront du mal à accepter un candidat issu d’une autre ethnie qu’un djoula comme certains militants du PDCI RDA auront également du mal à avoir un candidat autre qu’un baoulé tout comme certains militants du FPI auront du mal à avoir un autre candidat qu’un bété.

Ça sera même encore plus difficile de faire accepter une femme comme candidate dans ces 3 vieux partis. Les habitudes des militants des partis sont difficiles à faire changer mais nous sommes la nouvelle génération de politiques et nous allons avec de bons exemples convaincre les plus récalcitrants de notre parti à accepter Jean Louis Billon au cours de la convention car au PDCI RDA, le candidat se choisit par convention.

  1. Si des arguments non tenus sont utilisés pour tenter de fragiliser cette candidature de Jean Louis Billon, que lui conseillerez-vous?

Je pense que JBL a un tempérament assez calme pour ne pas nous donner du fil à retordre nous qui avons confiance en lui. Il faut une bonne équipe de communication qui va non seulement combattre ce phénomène dû aux perversités même des réseaux sociaux (rumeurs, buzz etc..) et redorer l’image de notre candidat à travers ses actions menées sur le terrain.

Il ne doit jamais rentrer dans des clashs politiques avec d’autres partis de l’opposition et avec nos adversaires du RHDP. Les politiciens se doivent un respect mutuel afin que les plus jeunes puissent prendre les bons exemples. Une politique apaisée rend service à la démocratie. On arrive à se parler quand on s’est respecté.

  1. Quel regard portez-vous sur le développement de la Côte d’Ivoire?

La vie en société est régie par 7 domaines qui sont: la politique, l’économie, le social, le culturel, la religion, la santé et l’éducation.

De ces 7 domaines, les pays développés ont décidé de pratiquer le multipartisme et la laïcité pour mieux se concentrer tous ensemble sur les 5 autres qui sont les vrais leviers du développement durable.  En effet trop de politiques désordonnées et de religions sans le respect de la conviction de l’autre entraîne toujours des conflits qui impactent négativement les 5 leviers du développement.

Il se fera avec une nouvelle génération de politiciens comme Jean Louis Billon qui sont à l’écoute de la population et déjà permet à plusieurs familles ivoiriennes de se prendre en charge chaque mois. Jean Louis Billon n’est plus à présenter au niveau entrepreneurial avec ses entreprises qui emploient le maximum d’ivoiriens.

A cela, il pourra continuer les actions de développement engagées par le président Ouattara au niveau des infrastructures en y ajoutant une touche sociale comme reloger les ivoiriens des sites à déguerpir avant les expropriations et les dédommager. On ne jette pas les pauvres dehors du jour au lendemain parce qu’on doit développer.  Ce sont les premiers concernés par le développement durable.

Il devra poursuivre également les chantiers du président Houphouët-Boigny en ce qui concerne l’industrialisation de notre agriculture afin de lutter efficacement contre les pénuries des denrées alimentaires, la vie chère et également mieux vendre nos matières premières en produits finis sur les marchés du monde. Nous pourrons mieux répondre à la compétitivité et rembourser nos dettes extérieures.

Le développement, c’est aussi la paix et la cohésion sociale. Le règlement amiable des conflits de sociétés. Le traitement de l’immigration ivoirienne dans le respect de la dignité humaine.

Faire face aux défis de la santé publique avec de nouvelles infrastructures hospitalières capables de faire face aux pandémies comme la covid 19, Ebola et des maladies graves comme les cancers, le VIH et les anciennes comme le paludisme, le choléra, la méningite …

L’éducation est le pilier du développement. Il faut de nouveaux mécanismes d’insertion sociaux-professionnels des jeunes. Il faut repenser les filières d’orientation des étudiants afin qu’ils aient plus de chance pour un emploi ou se mettre à leur propre compte. Il faut la formation continue des enseignants et leur permettre de suivre des séminaires de perfectionnement pédagogique à l’étranger. Avec la covid 19, l’école est également devenue digitale, il faut penser à l’aménagement de classes numériques.

Il ne faut pas oublier nos séniors qui peuvent encore servir après la retraite et surtout leur permettre une bonne retraite dans les meilleures conditions.

  1. Comment jugez-vous la classe politique actuelle dans l’ensemble des partis politiques ivoiriens?

Obsolète ! Une politique qui ressemble aux politiques d’un continent africain qui a en général moins de 70 ans d’indépendance. La Côte d’ivoire n’est pas une exception de cette politique africaine dangereuse, oppressive, dictatrice où on confond parti politique et royaume. On refuse de quitter le pouvoir même si on a perdu les élections où on crée des parades pour s’y maintenir. Le plus grand dommage est la mise à mort de sa jeunesse tourmentée. Si nous serons aux standards occidentaux un jour ?

Oui, je n’en doute pas, mais nous irons à notre rythme avec de plus en plus de jeunes politiciens comme Jean Louis Billon qui sauront unir et proposer mieux que les prédécesseurs. Il faut encourager les jeunes à faire de la politique, à étudier la politique et à pratiquer la politique pacifique basée sur le respect mutuel, l’écoute, le compromis, le dialogue, la tolérance… Il ne faut pas brusquer les vieux mais il faut apprendre d’eux et les convaincre à se retirer pour que les relais puissent se faire devant eux. Les jeunes ont également besoin de leurs expériences.

  1. Que dîtes-vous de la forte volonté de changement des classes dirigeantes des partis politiques ? Au PDCI-RDA, le sujet est-il à l’ordre du jour ? Est-il abordé ?

Partout et en toute chose, les changements auront lieu et au PDCI RDA comme dans les autres partis je l’espère, la question du relais est abordée. Seulement, nous sommes une formation politique de 75 ans et nous avons des règlements intérieurs dont la convention pour le choix du candidat à l’élection présidentielle. Toute personne qui souhaite alors nous représenter devra s’y conformer et ce sont les militants par vote qui décideront en fin de compte.

  1. Quels conseils prodiguez-vous aux jeunes ivoiriens qui souhaitent descendre dans le marigot politique ?

D’abord réussir ses études, s’investir dans sa carrière professionnelle ou entreprendre, réussir sa vie familiale, être bien dans sa tête et son corps avec une bonne confiance en soi avant de faire de la politique en solo ou en rejoignant une formation politique existante.

  1. Dîtes-nous comment votre famille vit avec vos différents courants politiques ?

Très bien !

Ma famille est l’exemple même du multipartisme avec un père et une sœur, un beau RHDP, un oncle FPI et moi, une autre sœur et un autre beau PDCI RDA.

Si nous pouvons cohabiter et nous aimer, alors les ivoiriens également devraient pouvoir y arriver. Il faut juste avoir pitié de l’autre, le comprendre, l’aimer, le protéger, discuter permanemment et s’entraider dans les difficultés.

En fin de compte, nous ne sommes juste pas d’accord sur nos programmes de développement de notre pays et chacun pense que sa formule est la meilleure. Un gouvernement d’union nationale pourrait nous permettre dans le futur de trier les bons plans de chacun et à les réaliser pour le bonheur de tous les ivoiriens.

  1. Depuis quelques jours, vous êtes devenue un défenseur farouche de Pascal Affi N’guessan, le président du FPI. Avez-vous échangé avec lui? Quel avis sur la façon dont il a été traité par Laurent Gbagbo?

Je l’ai dit dans une vidéo qui a été partagée plusieurs fois et je suis sincère quand je dis que les deux hommes doivent juste savoir se séparer sans grabuges et que le respect demeure. Mépriser, humilier, vilipender l’autre sont les conséquences de nos guerres. On ne va juste pas recommencer et si nous sommes des religieux, c’est aussi respecter la première recommandation de Dieu : aimez-vous les uns les autres ! De là viendra notre bénédiction.

  1. 2025, comment voyez-vous la Côte d’Ivoire et quel conseil pour Gbagbo, Ouattara et Bédié?

Pour moi, ils doivent se retirer pour qu’émerge une nouvelle classe politique et de nouvelles méthodes de gouvernance tout en restant des coaches dans leurs différents partis. Des conseillers pour la bonne gouvernance.

  1. Vous n’évoquez pas Guillaume Soro dans vos prises de parole, pourquoi? Estimez-vous qu’il soit rayé de la liste des prétendants à la présidence de la Côte d’Ivoire?

J’ai beaucoup de compassion pour Soro Guillaume et Blé Goudé, deux jeunes qui ont fait leurs erreurs politiques qui je le pense, le regrettent et demandent pardon, mais nous devons également leur pardonner et le président Ouattara doit également leur pardonner et les laisser rentrer en Côte d’Ivoire pour participer à la vie politique de leur pays s’ils le souhaitent.

Réalisé par Adam’s Régis SOUAGA