Suivez nous sur:

Actualité

Interview- Geoffroy-Julien KOUAO (Politologue) : « Le dossier ivoirien n’est pas clos, malheureusement Houphouët-Boigny n’a pas de disciples »

Publié

le

Le politologue Geoffroy-Julien KOUAO apporte un éclairage sur l’affaire Gbagbo et Blé Goudé et annonce que le dossier ivoirien est toujours pendant devant la CPI, se désolant qu’Houphouët-Boigny, l’apôtre de la Paix n’ait pas de véritables disciples. Entretien.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé définitivement libres, quel pourrait être leurs avenirs politiques?

MM Gbagbo et Blé Goudé sont des figures majeures de la politique nationale. Le retour de Gbagbo va contribuer à réunifier le FPI et à revigorer la gauche ivoirienne dans la perspective de la présidentielle de 2025. Quant à Blé Goudé, il le dit urbi orbi qu’il ambitionne gouverner la côte d’Ivoire, sa libération va lui permettre de travailler dans ce sens.

  1. Cette décision de justice n’est-elle pas une défaite pour la justice internationale face à 3000 morts sans responsables?

Non pas du tout. Cela signifie que Gbagbo et Blé Goudé ne sont pas les coupables des 3000 morts, la CPI va donc continuer ses investigations ailleurs et certainement convoquer d’autres présumés coupables. Le dossier ivoirien devant la CPI n’est pas clos.

  1. Est-ce que la relaxe pure et simple de Gbagbo et Blé Goudé pourrait être un levier de réconciliation nationale ou plutôt un risque au regard des positions encore extrémistes?

Le contexte politique actuel invite à la modération. Je pense que la classe politique doit pouvoir faire de cet acquittement une dynamique de réconciliation nationale et non l’inverse.

  1. Que devraient faire les acteurs politiques pour aseptiser et calmer sérieusement l’atmosphère politique?

La classe politique doit éviter la politique politicienne et penser à l’intérêt national. Cependant, la réconciliation nationale ne doit pas se faire dans l’impunité. Qui a tué les 3000 ivoiriens ? La justice nationale et la justice internationale doivent donner la réponse aux Ivoiriens.

  1. Pensez-vous que Gbagbo Laurent devrait se retirer de la scène politique et avec lui Bédié et Ouattara?

Dans un État, tout se fait selon les textes de lois. La loi permet aux trois personnalités citées de faire de la politique et même d’être candidats à toutes les élections et de diriger des partis politiques. Il appartient aux jeunes de créer les conditions politiques par leur dynamisme, leur audace pour le renouvellement de la classe politique ivoirienne.

  1. En confiant le dossier Gbagbo et Blé Goudé à la justice internationale, Alassane Ouattara n’a-t-il pas donné un sens au jugement rendu?

La côte d’Ivoire est membre de la CPI, donc l’Etat de côte d’Ivoire n’a pas commis de fautes en répondant favorablement à la demande de la justice nationale. Évidemment, l’acquittement de Gbagbo le met en position de force et fragilise ses adversaires politiques. Aujourd’hui, Gbagbo est vu comme un héros.

  1. Une sentence de 20 ans de prison attend Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire pour délits économiques. Que va-t-il se passer?

C’est un jugement par contumace. Si Gbagbo et Blé Goudé reviennent en Côte d’Ivoire, l’affaire sera rejugée. C’est dire qu’ils n’iront pas directement en prison.

  1. Avec le procès d’Amadé Ouérémi, quel message lance le pouvoir?

Que nul n’est au-dessus de la loi et tout présumé coupable d’infraction doit répondre de ses actes. La réforme du code pénal ivoirien permet à notre justice de juger les cas de crimes de guerre, de génocide, de crimes contre l’humanité. C’est ce qui est en train d’être fait.

  1. La paix est-elle possible en Côte d’Ivoire?

Nous sommes obligés de vivre en paix et de créer les conditions de cette paix. Malheureusement, Houphouët-Boigny n’a pas de disciples, lui qui faisait de la paix une seconde religion.

  1. Estimez-vous que les victimes ont payé le tribut du jeu des acteurs politiques ivoiriens?

Non, entendons-nous bien. Au niveau de la CPI, même si Gbagbo et Blé Goudé sont innocentés, les victimes peuvent être indemnisées. L’amnistie n’efface pas la possibilité d’indemnisation des victimes. Donc, le droit national et international est favorable à l’indemnisation des victimes.

Réalisé par Adam’s Régis SOUAGA