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Interview- CEMGA Lassina Doumbia: ” La reconfiguration de Barkhane nous préoccupe, mais nous devons faire face à la menace”

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A l’issue de la cérémonie d’ouverture de la réunion des Chefs d’Etat-major des armées de la CEDEAO, le Général de Corps d’Armée Lassina DOUMBIA, Chef d’Etat – Major Général des Armées de Côte d’Ivoire, a bien voulu répondre à quelques-unes de nos questions.

Qu’attendez-vous de cette rencontre ?

Je pense être habité du même espoir que tous les CEMGA présents. Une solidarité active entre nos armées, du partage de renseignements à la mise en œuvre d’opérations conjointes. Avec l’appui institutionnel de la CEDEAO. L’axe d’effort étant les pays du front pour empêcher la rupture de la digue.

Quelle est la situation au nord de la Côte d’Ivoire suite aux récentes attaques ?

Nous contrôlons notre terrain et sommes prêts à réagir face à toute éventualité. Je le répète encore, il s’agit d’une menace asymétrique, par conséquent les acteurs n’en sont pas clairement identifiés et elle a pour caractéristique principale son imprévisibilité. Il serait donc prétentieux de notre part d’affirmer que nous la maitrisons parfaitement, mais une chose est sûre, nous devons faire face ; et nous sommes dans les dispositions pour faire face. Quelle que soit son évolution, nous allons faire face. Maintenant, il faut éviter de tomber dans l’émotion et arriver à faire la différence entre les actes qui relèvent de la grande criminalité et qui ne sont pas nouveaux sur notre territoire et ceux s’apparentant à des actes terroristes.

Selon les informations, le parc de la Comoé servirait de base aux terroristes et serait difficile à contrôler par nos forces, cela ne vous inquiète-t-il pas ?

D’abord, je voudrais préciser que chaque armée entraine ses forces selon les aspects géographiques de son territoire. Il serait donc incompréhensible d’affirmer que les armées de Côte d’Ivoire éprouvent des difficultés à manœuvrer en zone forestière. Même si, c’est un fait, la manœuvre y est plus complexe. Nous agissons donc tous les jours, pour que le parc de la Comoé ne soit pas sanctuarisé par les Groupes Armés Terroristes et garder notre liberté de manœuvre. Je n’en suis pas inquiet, mais préoccupé.

La nouvelle configuration de Barkhane qui est aussi un point d’inquiétude sera aussi au centre de vos échanges…

Les Chefs militaires que nous sommes, dont le rôle est d’apporter des solutions en toutes circonstances, ne pouvons parler d’inquiétude, qui pourrait nous faire perdre la sérénité indispensable à la réflexion, mais plutôt de préoccupations. Oui, cette situation nous préoccupe, et nous allons y réfléchir et convenir certainement de mesures d’anticipation pour préserver nos territoires et protéger nos populations.

Le Gouvernement ivoirien à affirmer avoir renforcé les capacités des armées. Avez-vous désormais tous les moyens ?

Il faut peut-être préciser que notre premier moyen dans cette lutte ce sont les hommes et leur formation. Nous mettons un point d’honneur à ce que les hommes reçoivent la formation adéquate. Ensuite, le Président de la République a pris des mesures exceptionnelles pour nous permettre de renforcer nos effectifs et le recrutement est en cours et se poursuivra. Quant aux équipements demandés, ils ont tous reçu un avis favorable comme l’a indiqué il y’a peu le Ministre d’Etat, ministre de la Défense. Maintenant, les matériels militaires ne sont pas vendus à l’étalage et pour certains d’entre eux, d’un niveau technique élevé, il faut certains délais. Mais, dans tous les cas, nous devons faire face et nous ferons face avec les moyens qui sont les nôtres. Il n’y a pas d’autre alternative. Je n’oublierai pas de dire aussi que l’Etat a mis en œuvre un certain nombre de mesures pour marquer sa présence et sa solidarité envers les populations dans les zones affectées. Toutes les actions menées pour préserver notre pays ne sont donc pas que militaires.

Pouvez-vous rassurer les ivoiriens ?

L’optimisme sans réserve ne fait pas partie des vertus des militaires. Par contre, je peux leur affirmer que leurs armées feront leur devoir, sûres du soutien de l’Etat. Mais sans eux, sans leur collaboration, sans leur adhésion pleine et entière à cette lutte, tous ces efforts pourraient être vains. J’en appelle donc à la solidarité nationale.

Propos recueillis par Adam’s Régis SOUAGA avec BIPA