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Examens scolaires- Voici l’origine et les causes de la fraude dénoncées par des acteurs

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Le système éducatif ivoirien est miné par la fraude aux examens scolaires. En 2020, ce sont 6833 cas de fraude, BEPC et Bac confondus, qui ont été recensés par les autorités éducatives. Ces dernières semblent impuissantes face à la situation qui prend de l’ampleur, au fil des ans malgré les dispositifs qu’elles mettent en place, chaque année, pour la contrer. 

Dans le passé, la fraude relevait de cas isolés. Mais, aujourd’hui, ce sont de véritables réseaux qui se cachent derrière la pratique. Pour parvenir à leurs fins, les fraudeurs utilisent différents procédés qui vont du mercenariat à des échanges de copies de brouillons en passant par des détentions de corrigés de sujets et la corruption de certains enseignants.

Au sujet de la corruption des enseignants, V.S, enseignante, indexe particulièrement ceux du privé et certains contractuels.” Comme ils sont sous payés et n’ont pas de salaire pendant les vacances scolaires, la période d’examen est leur traite”, accuse-t-elle. Les enseignants titulaires, refusent de surveiller les épreuves, parce que non rémunérés, ajoute-t-elle.

L’avènement des réseaux sociaux a donné des idées aux auteurs de la fraude. Les records de cas de fraude enregistrés ces dernières années s’expliquent, selon un haut responsable éducatif, par les moyens technologiques qu’utilisent les fraudeurs. À savoir le téléphone portable.

À la session 2020 du Baccalauréat, plusieurs copies conformes, avec les mêmes mots et les mêmes fautes répétées, ont été répertoriées pendant les corrections. Ces candidats sur qui pesaient de lourds soupçons de fraude se sont vus inscrits sur leurs relevés de notes  la mention « Fraude ». Cette situation a donné lieu à des manifestations de colère de ces candidats recalés à cet effet.

La tricherie par le biais de téléphone portable est bien connu des ivoiriens. Une expression est d’ailleurs consacrée au phénomène. C’est le “Bac WhatsApp“. Les candidats reçoivent les corrigés des sujets sur le réseau social en question lors des compositions.

Le téléphone portable est pourtant interdit pendant les compositions aux examens scolaires. Mais,  les candidats parviennent à contourner le dispositif pour se retrouver en possession de leurs appareils. Cela, souvent avec la complicité d’un surveillant, informe Y.A éducateur de lycée à Adjamé.

Selon lui, la fraude est le fait de “réseaux” qu’il assimile à une “mafia”. Ces derniers prêts à tout n’hésitent pas, dit-il, à menacer des surveillants ou maintenir à dessein un climat de terreur dans les centres d’examens pour parvenir à leurs fins.” Quand vous mettez le pied dans certains centres, vous comprenez tout de suite que vous n’avez d’autres choix que de laisser faire. Tellement le terrain est miné. Souvent, c’est directement qu’on vous le fait savoir “, soutient-il.

Un responsable de centre d’examen a fait les frais de cette violence, il y a trois ans en arrière. Voulant durcir les conditions de surveillance des examens, son véhicule a été caillassé par des élèves“, poursuit-il.

Aussi, depuis quelques années maintenant, informe I.T, enseignant également dans la commune d’Adjamé l’on tend vers une ‘”institutionnalisation” de la fraude .” Il faut entendre par là qu’elle est à présent le fait d’institutions scolaires“, explique celui-ci. Ces institutions, ce sont principalement les directions régionales de l’éducation nationale qui désormais mises en concurrence entre elles usent de méthodes “déloyales” en vue d’obtenir de “meilleurs résultats” pour être mieux classées, soutient I.T. À travers de meilleurs résultats, ce sont des dividendes personnelles que tirent parfois leurs premiers responsables. À savoir une promotion professionnelle.” Aujourd’hui chacun aspire à une nomination rapide“, ajoute-t-il.

Pour N.S, la fraude, malheureusement est érigée en règle au sein du système éducatif. À cause de la banalisation qu’en fait une grande majorité des enseignants :” Je suis choqué d’entendre fréquemment des collègues dire #aider n’a jamais fait de mal à personne#. C’est à savoir s’ils mesurent la portée de ce qu’ils disent“, dit cet enseignant en colère.

I.T