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Décès du père du col Soro Dramane: Voici le portrait du baobab Soro Lekporo Tuo

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Les populations du village de Sandonakaha restent inconsolables. Car l’arbre à palabres, le grand baobab qu’est le chef Soro Lekporo Tuo s’est éteint à l’âge de 105 ans.

Une vie dûment remplie

Né vers l’an 1917, feu Akpoho pour les intimes, le patriarche Soro Lekporo Tuo, fait partie des illustres vieillards qui ont eu un vécu bien rempli. Enrôlé comme bras valide pour les travaux forcés comme tous les jeunes de son âge, pendant l’époque coloniale, il participe à la construction de chemin de fer entre Niangbo et Ferkéssedougou. Avec sa vigueur il est parmi ces jeunes qui poussaient les billes de bois. En 1960, lorsque la Côte d’Ivoire acquiert son indépendance, le vaillant Akpoho fera partie des personnes choisies pour la construction des premières sous-préfectures dans les localités du nord du pays. Remarqué pour son sens aiguisé de la Concorde et du Progrès, il sera sélectionné pour la sensibilisation des populations, afin de les orienter dans les différentes sous-préfectures et préfectures nouvellement construites.

Militant de premières heures de la Démocratie participative et agissante

Dans le courant de cette même année avec la création du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le natif de Sandonakaha viendra volontairement grossir les rangs des militants de ce parti. Progressivement, il gravit les paliers de ce parti. Entre 1963-64, il devient secrétaire de section du Pdci à Sandonakaha après avoir implanté avec brio le Pdci dans cette localité. Ensuite, grâce au dynamisme qu’on lui reconnaît, il devient en plus de secrétaire de section, un des éminents conseillers de ce parti. L’ensemble de ses mérites reconnus à sa juste valeur par les populations, en 1974, fera de lui le chef incontesté de village de Sandonakaha jusqu’à son décès le 26 février dernier. Quelques années plutard la Côte d’Ivoire connaîtra le multipartisme avec la création du Rassemblement des républicains (RDR), dans lequel il décide de pleinement militer. En 1994, il participera à l’eclosion du Rdr à Korhogo.

Il l’arborait fièrement au cou à chaque grande rencontre

« Il nous a dit qu’il était assis un pied devant la porte. Parce qu’il fallait être sur le qui-vive à cette époque », nous raconte son fils aîné. Le RDR créé, le patriarche Akpoho, donnera une confortable assise au RDR dans sa localité. Fidèle aux idéaux de ce parti politique, il suivra sa ligne directrice jusqu’à son rappel à Dieu. Il ne s’est jamais séparé de sa carte de membre. Il l’arborait fièrement au cou à chaque grande rencontre.

Le père et l’ami de tous

Le Chef incontesté du village de Sandonakaha depuis 1974, record que lui seul, détient jusqu’à ce jour dans le grand Nord, a marqué l’ensemble des populations de cette région de la Côte d’Ivoire par sa bonne humeur et son amour pour son prochain. Ancré dans la tradition de ces ancêtres, il était pour ceux qui l’ont connu une béquille sur laquelle pouvait reposer toute personne qui était en détresse. Il ne faisait aucunement de tri parmi ceux qu’il aidait à telle enseigne que toutes les populations dans la zone Kouflo ne se lassaient de le solliciter pour obtenir ses conseils avisés, son arbitrage ou encore son appui.

Un chef adulé par les populations

<<La première chose que je retiens de lui est qu’il était respectueux des institutions de la République. Il était présent à toutes les réunions. Ce qui m’a marqué, c’est qu’il était ponctuel pourtant son village est à près de 25 kilomètres de Kiemou qui est chef-lieu de sous-préfecture. Ce malgré son âge et l’état de la route. Il n’avait pas la langue de bois, mais avec beaucoup de courtoisie possible. Il était le seul qui m’a adopté et m’a même donné un petit nom senoufo “Fognigué”. Il était un père pour moi. Je m’apprêtais à l’honorer en tant que meilleur chef de ma circonscription quand la faucheuse est passée. Je suis vraiment affligé. Je devais aller en congés ce mois ci mais pour la circonstance je suis là pour accompagner mon papa à sa dernière demeure>>, dira de lui, le sous-préfet de Kiemou, visiblement très affecté par son décès.

Avec sa petite taille et son teint bien noir ciré, le visage marqué par le temps par l’ampleur de ses rides avec son fameux chapeau rouge

Le patriarche Akpoho, du haut de son 1,68, imposait le respect du fait de sa témérité connue de tous. Quand il voulait quelque chose, il travaillait d’arrache pied et méthodiquement pour l’obtenir. Il forçait le respect et l’admiration de tous. Avec sa petite taille et son teint bien noir ciré, le visage marqué par le temps par l’ampleur de ses rides avec son fameux chapeau rouge qui ne quittait jamais et son sourire qui laissait entrevoir difficilement ces belles dents blanches. Avec sa petite mais très audible voix, le grand Chef de Sandonakaha, Soro Lekporo était un sachant. Une véritable bibliothèque des temps anciens, qui à chaque rencontre ou chaque sortie offrait des enseignements idoines aux jeunes generations. Avec lui, on ne s’ennuyait le moindre du monde. En un demi siecle de règne, un record dans tout le nord, jamais il n’a été contesté encore moins pris une mauvaise décision. C’etait l’arbre à palabres de Sandonakaha, le guide idéal dont rêvent tous les villages.

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« Il était le sage celui qu’on consultait chaque fois qu’il y’avait un souci majeur. Parce qu’il possedait une grande connaissance spirituelle. il a été le conseiller de plusieurs personnalités et hauts commis de l’Etat. Quand des gens foulaient le sol de Sandonakaha, la première personne qui leur venait à l’esprit, c’était lui. Au Nord, dans la zone Kouflo, il est connu de tous. Ceux qui avaient des problèmes de toutes sortes s’en remettaient au Chef Soro, qui grâce à son vaste champ de connaissances spirituelles les aidait. Il était l’ami de tout le monde, peu importe le bord politique, la chapelle religieuse et le statut social de celui ou celle qui le sollicitait. Durant tout son règne s’accordant aux témoignages des personnes qui l’ont pratiqué. Il n’a jamais pointé un doigt accusateur sur quelqu’un  », nous a confié son troisième fils, Soro Dramane. En 48 ans de règne, l’administration publique ne s’est jamais plaint de lui. Parce que le chef Soro Lekporo était l’ami des administrateurs civils, tous ceux qui se sont succédés dans sa sous-préfecture ne cessent de tarir d’éloges a son endroit. C’est à juste titre qu’il a été élevé en 2017 au rang d’officier de l’ordre du mérite Ivoirien par la grande chancelière, Henriette Dagri Diabate.

Le grand Baobab s’est affaissé

Après 105 ans de sa vie marquée par une exemplarité sans pareil, après plus d’un siècle et cinq (05) années marquée par une vie rocambolesque, le patriache Soro laisse 5 garçons et 2 filles qu’il a eus dont un colonel de l’armée de Côte d’Ivoire, un village de plus de 400 âmes qui s’est habitué à lui et l’a côtoyé pendant 48 ans dans la consternation totale. Son décès fait suite à aucune maladie.  « Il etait bien portant quand il est décédé. Un de mes neveux m’a dit qu’il l’a appelé avant son décès pour lui dire qu’il était l’heure. Mais qu’il ne le dise à aucun de ces enfants. Il était prêt désormais à partir  », nous explique son fils aîné. Comme pour dire qu’il est bien parti. Il s’en va rejoindre son créateur et certes, mais il laisse derrière lui un grenier  d’enseignements et de savoir qui profitera à la nouvelle génération.

Le Programme des obsèques

La levée du corps du patriarche aura lieu à la morgue du Chr de Korhogo, suivi du transfert du corps au village natal le jeudi 26 mai. Ce même jour se tiendra la première veillée de 20 heures à l’aube. Le vendredi 27 mai 2022 les populations de Sandonakaha vont rendre hommage.au m’attache. Le samedi 28 mai 2022, il sera inhumé au cimetière du village qui l’a vu naître. Que la terre te soit légère patriache !!