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Santé- La physiothérapie recommandée dans le traitement des lombalgies par des chercheurs

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Des médecins et chercheurs recommandent la physiothérapie, communément appelée kinésithérapie, comme solution prioritaire pour soigner les lombalgies, en lieu et place des médicaments et autres injections.

Ils s’appuient sur les résultats d’une étude descriptive et interventionnelle réalisée à l’hôpital de district de Deido à Douala au Cameroun et publiée au mois de mai 2022 dans la revue « Médecine d’Afrique noire ».

Tout est parti d’un sondage qui a révélé que 80% des malades reçus dans cet hôpital ont déjà eu mal au bas du dos et que deux malades sur trois reçus à l’unité de chirurgie consultent pour des maux aux vertèbres lombaires. Ce qui, selon l’étude, fait de la lombalgie « un problème majeur de santé publique ».

Une alerte qui a été à l’origine de cette étude menée par une équipe de médecins-chercheurs dirigée par Faustin Atemkeng Tsatedem, chirurgien-orthopédiste-traumatologue en service dans cet hôpital et enseignant à la faculté de médecine de l’université de Dschang dans l’ouest du Cameroun. Le but étant de trouver le moyen de venir à bout des lombalgies dans le contexte camerounais.

L’étude a été menée d’avril à juillet 2019 sur 57 patients dont 45 femmes et 12 hommes et la majorité des femmes étaient des ménagères.

Tous ces patients, selon Faustin Atemkeng Tsatedem, se plaignaient de douleurs lombaires, que l’on appelle communément mal de dos. Il tient à préciser que les vertèbres lombaires se trouvent entre le bas du dos et l’os du sacrum situé dans le bassin.

Dans un entretien avec SciDev.Net, il explique que les maladies liées aux lombaires sont de divers ordres. A 30 jours de douleurs, on parle de lombalgies aigues; de 30 à 45 jours, on parle de lombalgies subaiguës et a plus de 45 jours, il s’agit de lombalgies chroniques. « Quel que soit le stade de la maladie, cela nécessite une prise en charge clinique », dit-il.

Dans le cadre de cette étude, les malades ont été soumis à un protocole de kinésithérapie comprenant la neurostimulation électrique transcutanée, la thérapie infrarouge, le massage, le renforcement musculaire, la mobilisation et les tractions manuelles…

Comme on peut le lire dans le résumé de l’étude, au bout de 15 séances de kinésithérapie qui duraient 60 minutes chacune, 56 des 57 patients étaient satisfaits du soulagement de la douleur. Ce qui donne un taux de réussite de 98,25%.

Contrairement aux médicaments qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur la santé des reins, « la physiothérapie est une technique qui utilise des méthodes physiques et non invasives », indique Faustin Atemkeng Tsatedem.

« La physiothérapie favorise l’auto-rééducation. Ainsi, même après les séances à l’hôpital, le malade peut continuer à faire les exercices à la maison », ajoute l’universitaire.

Cela rejoint l’expérience Juny Carole Nselel, une ménagère de Douala qui souffre de cette pathologie depuis qu’elle a subi trois césariennes pour ses trois accouchements.

« Le médecin m’a fait comprendre que je devais trainer ce mal toute ma vie. Pour me soulager, j’applique à la lettre les conseils du médecin: j’évite la prise de poids et de me retrouver dans des situations inconfortables », confie-t-elle.

Surpoids et obésité

Pour Rayan Saad, chirurgien-orthopédiste-traumatologue et médecin du sport à la Clinique Bellevue à Dakar au Sénégal, une telle étude en Afrique noire est digne d’intérêt car « elle permet d’évaluer certaines spécificités locales ».

Si les conclusions lui semblent cohérentes, Rayan Saad émet néanmoins des réserves sur le test de Lasègue utilisé dans l’étude.

« Ce test est normalement utilisé dans les sciatalgies/lombosciatalgies (pour le nerf sciatique NDLR) et non pour les lombalgies. Il se peut donc que certains patients inclus dans l’étude n’aient pas présenté des lombalgies, mais des lombosciatalgies», explique-t-il.

Tous ces spécialistes s’accordent cependant sur les causes des maladies lombaires. Ils citent entre autres la hernie discale, les arthroses, le surpoids, l’obésité, les mauvaises postures, la sédentarisation, une mauvaise hygiène de vie en général et l’essor du télétravail depuis l’avènement des technologies de l’information et de la communication ainsi que la pandémie a coronavirus.

Ils conseillent dès lors de dormir sur un matelas moins épais et sans ressort, de s’allonger sur le dos au sol de retour du travail, etc.

Rayan Saad recommande également une perte de poids et une activité physique régulière visant «le renforcement de la sangle abdomino-pelvienne et des muscles dorsolombaires et l’ergonomie au travail ».

Benoit Nkama, physiothérapeute ayant participé à l’étude, va même plus loin en invitant les femmes à modérer le port de chaussures hautes et à éviter les charges lourdes comme les grands sacs au retour du marché.

Les auteurs de l’étude auraient souhaité explorer d’autres aspects de la maladie mais se sont butés au problème de financement.

« Quand un tel travail est fait sans accompagnement financier, ce n’est pas évident. Entre des malades qui n’en comprennent pas toujours le bien-fondé et les dépenses quotidiennes, on est sans armes. Et quand on s’est battus pour avoir ces conclusions, il faut encore payer pour les faire connaitre », déplore Benoit Nkama.

Source: SciDev.net