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Liberté de la presse, “Les journalistes se doivent de produire la bonne information dans le temps imparti”, Représentante Unesco

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Chers amis de la Presse,

L’UNESCO souhaite féliciter le nouveau Ministre de la Communication, des médias et de la Francophonie, Son Excellence Mr. Amadou Coulibaly, et salut l’excellente collaboration avec le Ministère de la Communication et des Médias et tous les partenaires du secteur de la presse en Côte d’Ivoire. Il m’est agréable également de saluer pour leur soutien et leur présence les Ambassadeurs des Pays Bas et des Etats Unis et de remercier les organisateurs de cette journée, l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire et de son Président, Mr Jean Claude Coulibaly.

L’UNESCO a le mandat de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, et il n’est nul besoin de rappeler qu’elle est la cheville ouvrière de la création de la journée mondiale de la liberté de la presse, journée qui nous réunit aujourd’hui.

Il y a aujourd’hui 30 ans, des journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs de toute l’Afrique se rassemblaient pour rédiger un appel en faveur de la liberté de la presse :  la Déclaration de Windhoek  sur le  développement  d’une  presse  africaine indépendante  et  pluraliste. Cette déclaration historique visait à  faire  de  la  libre  circulation de l’information un bien commun – un objectif toujours d’actualité.

Plusieurs activités présidées par la Directrice Générale de l’UNESCO en personne ont lieu en ce moment même en Namibie. A l’issue de cette célébration, une nouvelle Déclaration de Windhoek 2021 sera adoptée pour refléter le nouvel environnement numérique et les nouveaux défis auxquels ce secteur doit faire face particulièrement dans trois domaines :

  • La viabilité économique des médias d’information ;
  • La transparence des sociétés Internet ;
  • Le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information

Nous avons débattu de ces trois thèmes ainsi que la notion de l’information comme bien public, jeudi dernier à la Maison de la Presse lors d’un débats d’idées organisé par l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire que je tiens à féliciter très chaleureusement ainsi que les panelistes pour la qualité de leur intervention.  Il en est ressorti que l’information est vitale à la société pour progresser,  que le secteur de la presse a besoin du public mais également des pouvoir publics pour traverser cette transition digitale et construire un nouveau modèle économique, que la spécialisation des journalistes peut s’avérer bénéfique et enfin qu’il y a urgence à développer des programmes de formations des journalistes et de la population en matière d’éducation aux médias et à l’information  afin que tous puissent  prendre des décisions en connaissance de cause et s’engager de manière critique et constructive en faveur du développement durable pour lequel l’information en tant que bien public est indispensable. Il est tout aussi important que les citoyens connaissent leurs propres droits à la liberté d’expression et l’importance du rôle des journalistes comme producteurs d’informations fiables.

Comme vous le savez, le 3 mai sert à rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse, mais c’est également une journée de soutien aux journalistes, rédacteurs en chef et éditeurs qui sont harcelés, attaqués, détenus ou même tués. A cet égard, près de trois femmes journalistes sur quatre affirment avoir été victimes de violences en ligne selon l’étude mondiale de l’UNESCO publiée jeudi dernier à l’occasion de cette journée.  Pire encore fut l’assassinat, il y a quelques jours, le 27 avril dernier, de deux journalistes espagnols au Burkina Faso, David Berain et Roberto Fraile, deux reporters expérimentés, qui tournaient un documentaire sur le braconnage au Parc national d’Arly, réserve de biosphère de l’UNESCO et site du patrimoine mondial, dans l’est du Burkina Faso. La Directrice Générale de l’UNESCO a condamné cet énième meurtre de journalistes dans une déclaration et a affirmé, je cite : « Les journalistes doivent pouvoir accomplir leur travail de collecte et de diffusion de l’information, un bien public essentiel. Ils méritent d’être protégés. ». Pour votre information, soixante-deux journalistes ont été tués pour leur travail en 2020, et bien d’autres ont perdu la  vie  en raison  de  la  COVID-19. Nous  leur  en sommes  immensément  redevables. Je vous propose de leur rendre hommage par une minute de silence.   

L’information comme bien public, le thème de cette 28 ème célébration, met en lumière le rôle vital joué par les médias libres et indépendants dans le monde entier.  Il souligne la différence importante entre l’information et les autres contenus de communication tels que la désinformation, les discours de haine, le divertissement et les données. Il est question d’attirer l’attention de la société, sur le rôle particulier du journaliste dans la production d’informations vérifiées dans l’intérêt du public. En un mot le journalisme, c’est un métier, et les journalistes doivent rester professionnels pour lutter contre la désinformation.

L’information est un bien public, car elle contribue à  faire progresser les aspirations collectives, à forger les mentalités, à construire les sociétés. Aujourd’hui les producteurs de l’information, tout comme les consommateurs se doivent de la protéger, de la valoriser pour le bien de tous. Lorsque les citoyens sont privés d’informations vérifiés, ils sont aveugles dans un monde en perpétuel changement.

Le manque de données et d’informations fiables accessibles au public crée un vide, qui laisse la place aux contenus potentiellement dangereux dont les discours de haine et les théories du complot trompeuses, principalement diffusées en ligne par le biais de supports commerciaux et d’acteurs d’Internet peu scrupuleux qui les exploitent. Les journalistes se doivent de produire la bonne information dans le temps imparti, c’est la raison pour laquelle ils doivent être protégés dans la collecte et la diffusion de celle-ci.

Permettez-moi de terminer mon propos avec quelques actions de l’UNESCO en Côte d’ivoire. Depuis l’ouverture de son Bureau à Abidjan,  l’UNESCO a renforcé les capacités de près de 500 journalistes sur l’éthique et la déontologie journalistique, formé plus de 200 animateurs des radios sur diverses thématiques, menée une étude diagnostique du secteur de la presse afin de permettre de trouver des solutions durables aux défis de ce secteur, formé une soixantaine d’agent des forces de sécurité et de défense sur la liberté d’expression afin de leur permettre de comprendre le rôle des journalistes dans la société, soutenu la création d’un site de fact checking Ivoire Check avec le Reprelci et enfin dispensé l’éducation aux médias et à l’information auprès de plus de 1000 jeunes.

La promotion de l’information en tant que bien public est nécessaire pour “mieux reconstruire” le monde post-COVID. C’est une valeur qui soutient fortement l’aspiration des Nations Unies au développement durable de faire progresser “l’accès du public à l’information et aux libertés fondamentales” (SDG 16.10). Elle constitue également le nouveau contexte normatif pour mettre en avant le journalisme libre, pluraliste et indépendant comme un tremplin du progrès.

L’UNESCO continuera de tenir aux côtés des journalistes, des professionnels des médias et du Ministère de la communication, des médias et de la francophonie  pour relever ensemble les défis du secteur.

 

Je vous remercie de votre aimable attention

Anne Lemaistre, représentante bureau Unesco Abidjan

 

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