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Guézon, Difficile retour à la cohabitation après les heurts

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Les populations autochtones et allogènes de Guézon continuent de se regarder en chiens de faïence après les évènements meurtriers du dimanche 27 décembre 2020. C’est dans cette atmosphère délétère que le médiateur de la République, Adama Toungara a fait le déplacement pour essayer de recoller les morceaux.
<<Nous voulons la paix car ce que nous avons vécu n’est pas bon. Je suis ici à Guézon depuis le 8 janvier 1988. Nous vivions en de bons termes jusqu’à la survenue de ce triste événement qui met une division entre nous. Nous cherchons à dialoguer, nous asseoir pour nous parler sérieusement. Je suis dans le comité de dialogue. Je vais chez le chef des Guéré pour demander pardon. Nous sommes chez des gens et c’est bien nous qui devons faire le pas vers eux pour demander pardon. Pour le moment, c’est difficile la cohabitation mais nous faisons tout pour ramener la quiétude et le vivre ensemble. Nous voulons que la paix revienne à Guézon>>, soutient Lansana Fanny, chef de la communauté CEDEAO de Guézon.
Déplorant, l’attitude des dozos, le chef de village intérimaire de Guézon, appelle au désarmement de ces derniers. <<Quel que soit le désaccord, il faut toujours chercher à s’asseoir et s’entendre sur l’essentiel. Jusqu’à présent nous ne nous parlons pas. Chacun est dans son coin. C’est nous qui avons été attaqués, nous attendons que ceux qui nous ont attaqués viennent demander pardon. On est partant pour faire la paix. Nous voulons la paix. La paix et la santé sont le préalable à tout. Si nous sommes ici c’est parce que nous voulons la paix. Ce sont nous qui avons donné la terre et les avons accueillis ici. Ils sont armés et ils font des crimes. Il faut les désarmer. Nous demandons pour la paix et la stabilité dans notre sous-préfecture que les dozos soient en premier lieu désarmer et en deuxième lieu qu’ils quittent nos terres. Les dozos, c’est au Nord et les Glaé c’est ici en pays Guéré. Nous ne pouvons pas aller faire nos masques à Korhogo. Celui qui veut faire sa confrérie qu’il aille au nord>>, recommande le chef Yahé Dazélé.
Sceller définitivement la paix, la cohésion sociale  
Pour ramener définitivement la paix et la quiétude au sein de la population de Guézon, plusieurs actions sont menées. Des cadres de la région du Guémon par leur intervention ont pu ramener le calme. Dans la foulée, le ministre de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, est dépêché à Guézon le 29 décembre 2020.
Dans le cadre de sa mission de renforcement de la cohésion sociale, le médiateur de la République à travers la délégation régionale va du mardi 12 au vendredi 15 janvier 2021,  organiser des séances d’écoute. À l’issue de ces séances, le médiateur délégué du Guemon, Doh Blanchard Joseph a livré les aspirations de la population. Ce sont entre autres, la condamnation de l’impunité et l’encouragement à la réparation des torts, la promotion de la justice et la pratique du vivre ensemble, la mise à disposition des victimes d’un appui, la conduite des enquêtes sur les événements, la prise en charge des blessés, le désarmement des dozos et l’interdiction de la pratique du dozo dans le Guémon, l’organisation d’une journée de retrouvailles entre les jeunes, la mise en place de cellules d’alerte contre les fausses rumeurs et la sensibilisation à la cohésion sociale et le vivre ensemble harmonieux.
Au regard des recommandations faites après les séances d’écoute, le médiateur de la République Adama Toungara a remercié tous ceux qui ont œuvré au retour de l’accalmie dans la zone.
<<Il faut mener une réflexion profonde sur les évènements qui ont endeuillé Guézon et les moyens de maintenir une paix durable ici. Les efforts conjugués du corps préfectoral et des chefs traditionnels ont permis de renouer avec l’accalmie. Je voudrais dire merci à tous ceux qui sont intervenus pour ramener le calme dans la zone. Ce qui s’est passé est alarmant. Il faut redoubler de vigilance si nous voulons maintenir la paix dans nos régions>>, préconise Adama Toungara.
Poursuivant, il exhorte la population à travailler au maintien de la paix. <<J’exhorte tout le monde à œuvrer avec un engagement ferme à donner dos à la violence malgré nos divergences, à user des voies de droits légaux pour tout conflit. Nous sommes dans un état de droit, il faut éviter de se faire justice, si nous ne voulons pas assister à un désordre irréparable dans nos régions. La souffrance est grande et profonde. La situation est difficile à accepter et à supporter mais penser à Guidi Bo. Aux jeunes, respectez toutes les personnes investies d’autorité. Sachez raison garder pour que les problèmes ne génèrent pas des situations auxquelles nous assistons. La vie humaine est sacrée, il faut la préserver. J’encourage la communauté locale Wê à renoncer à toutes velléités de vengeance.  À la communauté étrangère nationale et non nationale, veillez à ce que les incidents qui se sont produits ne se reproduisent plus. Que l’hospitalité que nous avons à Guézon soit respectée. Veillons à ce qu’il n’y ait pas de conflit. Faites le  choix du dialogue, et respectez les us et coutumes de vos tuteurs. Le dialogue doit toujours prévaloir car la solution des problèmes ne s’obtient pas dans les affrontements>>, a recommandé Adama Toungara.
Solange Oulaï